L'AVENTURIER ( OU LA VIE COMME UN JEU) : 6ème jour

Publié le par Mamadou Diop

La conquête

7ème jour

En ce milieu d'après-midi bien ensoleillé, il y avait du monde au Jardin de Luxembourg. La plupart étaient assis sur les bancs publics, discutant et admirant le beau spectacle que la nature offrait à leur yeux. D'autres, feuilletant un journal ou se délectant d'un roman, ne levaient leurs yeux que pour contempler les fleurs ou humer l'air doux et frais de la journée. Un peu plus loin, des couples profitaient de la chaleur de l'astre jaune pour s'échanger souvenirs et exploits de la semaine qu'ils viennent de passer. La vie souriait à cet exquis panorama.

Les mains appuyés sur le rebord de la façade d'une muraille, je laissai errer mon regard sur ce beau monde que le jours heureux et tranquilles aimaient à rassembler dans cette place. Qu'ont-ils tous en commun ? La même confiance à Dame Nature pour débusquer leurs craintes et leurs morosités, la même béatitude devant ce qu'il auraient considéré comme anodin s'il n' y avait en l'humain cette nécessité de revenir aux choses les plus spontanées, les plus facétieuses et les plus étranges de ce monde face aux contrariétés de la vie matérielle et technologique. Parsemé d'extravagances s'en allait l'existence, ô combien abstruse et rémissible. Il faut savoir la vaincre, me dit-je, avec ses propres armes au lieu de se laisser toujours charrier par le joug de sa séduction et de ses duperies. Un jour, l'homme saisira que sa bêtise, sa plus grande vilenie n'est rien d'autre que son arrogance à laquelle il ne cesse de s'agripper, ce tronc qui l'a toujours porté vers son ignorance et son imbécillité. L'espoir ne s'illuminera que lorsqu'il se l'aura lui-même construit, élevé et entretenu, sans jalousie ni convoitise ni haine.

Le bruit sourd d'un oiseau me fit sursauter. Il vint se poser tout près de moi et demeura maintenant figé, les yeux fixant lamentablement les miens. Je perçus dans l'éclat de ses yeux globuleux et rouges le signe de la fragilité et de la pesanteur de sa vie, de la vie. Me délivrait-il un message ? Essayait-il de dialoguer avec moi ? Partagions-nous les mêmes douleurs ? Superstitieux oui, je pouvais l'être de temps en temps. Il avait peut-être faim, tout simplement.

Tiens ça tombe bien ! Il est quatorze heures. Il faut que j'aille déjeuner. J'ai faim.

Publié dans Nouvelles

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